Impressions sur Llano Bonito, un petit village montagnard où tout le monde vit au rythme du café et quand le café va mal, tout va mal, quand il va bien tout baigne.
Alors Llano Bonito c’est perché à 1700 m d’altitude, avec des pentes phénoménales et du café à perte de vue. Quelques notes :
Je loge dans une petite maison, avec la visite hebdomadaire de Sanjeeb un Népalais qui fait sa thèse ici. Sanjeeb c’est la force tranquille, et plus tête en l’air que lui c’est difficile. La preuve : c’est moi qui le dis. Non, il a déjà oublié ses clés, son ordi, la sauce tomate et le fromage, en seulement 48 heures ! Mais c’est aussi l’occasion, d’enrichir mon Népalais « Namaste », et de réfléchir sur une religion avec plusieurs dieux, vénérant les vaches et de célébrer le Holî et le Divālī. Avant-hier petite découverte culinaire, on a préparé le cabri à la népalaise s’il vous plaît, c’était absolument délicieux, quand les saveurs du gingembre, du curry, et de la cannelle vous transportent en Himalaya tout en étant au Costa Rica, ça a quelque chose de magique.
Alors mes journées se suivent et se ressemblent même si chaque rencontre est différente, je fais des entretiens avec les agriculteurs durant la journée dans des petits villages perdus des montagnes.
En ce moment avec des prix bas et une maladie qui ravage le monde du café centraméricain, la tristement célèbre Roya (rouille du café), la planète Llano Bonito se porte mal. L’année est loin d’être facile, alors chacun essaie de s’en sortir comme il peut ! Moi, je ne peux pas faire grand-chose malheureusement.
Sinon on mange des salades du potager, on boit des infusions de citronnelle et de menthe, on respire l’odeur des fleurs de café et on écoute de la salsa. Mais on fait aussi de longues randonnées dans les montagnes de cafetal (champs de café).
Ici, il faut sortir le matin, dès que sonne midi la pluie arrive pour ne plus partir avant la nuit. Si vous vous retrouvez par le plus grand des hasards dans ces montagnes perdues entre les caféiers, les caféiers et les caféiers, vous pourrez y découvrir avec passion la douce vie tica des campagnes, l’air pur et les événements qui rythment la vie des petits villages.
Pour les passionnés ou intéressés, la petite histoire locale sur le café.
C’est à la fin du XXVIIIème siècle que le café fut planté pour la première fois au Costa Rica et il est aujourd’hui la première culture du pays en surface. Le district de Llano Bonito est largement dominé par le café, comme toute la région de Los Santos qui produit un tiers de la production nationale. La majorité des agriculteurs de la région possèdent peu de terres. Localement, le café cultivé est arabica (Coffea arabica) et les variétés plantées sont la Caturra y le Catuaí, qui produisent un café contenant peu de caféine, très apprécié par le marché international.
Le café aime l’altitude, ici il est cultivé entre 1200 et 2000 mètres d’altitude, on est frappé également le relief très escarpé si vous montez dans le petit bus qui vous mène de San Pablo à Llano Bonito vous comprendrez ce qu’escarpé veut dire.
Le café cultivé est le « café Tarrazú » en passe d’obtenir une dénomination d’origine après une décennie de démarches et négociations. Ce café réputé bénéficie d’une prime sur le marché international.
Au début du XXème siècle, la région était essentiellement forestière. Peu à peu, l’agriculture se développant, les forêts ont laissé place aux pâturages pour le bétail. L’agriculture était encore très diversifiée avec du maïs, des bananes plantains, des bananes, et des haricots. Le café a fait son apparition vers 1925 mais de façon encore extensive. Jusque dans les années 1950 où celui s’est imposé comme la culture locale majeure. La déforestation s’est accentuée dans les années 1980, pour former le paysage actuel avec ses champs de café couvrant les montagnes parsemées de petits bosquets. Depuis le début du siècle, la sensibilisation aux problèmes environnementaux, a contribué à l’implantation d’arbres d’ombrage. Les systèmes agroforestiers ont ainsi vu le jour, ils sont relativement homogènes et le café est cultivé sous couvert arboré avec principalement de l’érythrine (Erythrina poeppiegiana) et des musacées comme le plantain ou le bananier (Musa spp.).
Durant la période de récolte de café ayant lieu de décembre à février sur la zone, le district de Llano Bonito, à l’image de la région de Los Santos, reçoit des migrants qui viennent récolter le café dans les exploitations, changeant complètement l’atmosphère régnant dans ces villages isolés. En tout, ce sont plus de 11 000 migrants qui viennent durant cette période et ce nombre augmente chaque année. Ces migrants viennent du Panama, du Nicaragua et d’autres parties du Costa Rica. Au village c’est le moment de l’année le plus chargé, tout le monde sort de sa torpeur, tout est complet et entre deux journées de labeurs, le bar local fait son plein.
Autre petite curiosité, un agriculteur possède depuis douze ans une exploitation agricole difficile d’accès. Cependant, son exploitation agricole se situe au bord d’une rivière et sa maison est entourée d’un jardin-forêt. Ces derniers atouts ont encouragé l’agriculteur à se lancer dans une activité écotouristique avec une activité de pêche à la truite, des vaches à lait, de chèvres, des oies, un petit restaurant et deux chambres d’hôte. Venez y passer quelques nuits, si vous parlez bien espagnol il vous racontera plein d’histoires.
N’hésitez pas à visiter les micro-fabriques de café, là encore ce sont des passionnés de café qui vous expliqueront tout le processus et vous inviteront surement à boire un tasse de café jus de chaussette, c’est malheureusement comme ça qu’ils le boivent ici et avec beaucoup de sucre s’il vous plaît.